- BALTIQUE (MER)
- BALTIQUE (MER)La mer Baltique occupe le centre de la cuvette scandinave, où elle a remplacé une calotte glaciaire qui avait récemment fondu. Mer épicontinentale peu profonde, elle constitue l’élément le plus interne de la Méditerranée arctique. Pour les pays riverains, c’est à la fois un facteur d’adoucissement du climat et une route commerciale essentielle.1. GéographiePaléogéographieDe toutes les mers, la Baltique est la plus jeune: lorsque la calotte glaciaire scandinave a fondu, entre 13 000 et 8 000 ans avant nous, la région qu’elle abandonnait avait été abaissée par le mouvement isostasique dû à la surcharge glaciaire.Pendant le recul du glacier, les eaux de fonte se sont d’abord accumulées en un lac proglaciaire. Puis, lorsqu’il ne restait plus de glaciers que dans les hautes montagnes, le niveau général des mers était assez haut pour que de l’eau salée pénètre dans la dépression baltique: c’est l’époque de la mer à Yoldia , vers 8000 avant notre ère. Mais la surcharge isostasique ayant pris fin, le socle continental remontait, notamment au sud, où se trouvaient les détroits reliant la mer à Yoldia à l’océan mondial, et on en revint à un lac, le lac à Ancylus , dont l’émissaire traversait la Suède centrale.Cependant, le niveau des mers continuant à s’élever, l’eau salée put à nouveau pénétrer dans la dépression; c’est, à partir de 5000 avant notre ère, la mer à Littorines , ancêtre directe de la Baltique actuelle, quoique plus chaude, plus salée et plus profonde.De nos jours, la compensation isostasique continue, surtout sous le golfe de Botnie, où le continent se soulève d’un mètre par siècle: la Baltique septentrionale est donc appelée à devenir un chapelet de lacs.Géologie et géomorphologieLes régions occupées par la mer Baltique ayant été couvertes de glaciers lors des bas niveaux marins quaternaires récents, le fond ne présente pas de traces d’un réseau fluviatile cohérent. On y trouve au contraire des bassins discontinus, parfois très profonds (jusqu’à 459 m, au nord de Gotland), séparés par des seuils d’une cinquantaine de mètres seulement. C’est là un paysage glaciaire à ombilics, peu remanié parce qu’il a été submergé dès son abandon par les glaces, et simplement voilé par les sédiments postérieurs.Du paysage préglaciaire il ne reste que quelques traces: on peut suivre sur le fond la cuesta cambro-silurienne qui forme la côte nord de l’Estonie et la côte ouest de Gotland: la dépression périphérique au pied de cette cuesta forme le golfe de Finlande et la grande fosse au nord de Gotland.Quant à la mer d’Åland, ce serait un fossé tectonique ancien, à remplissage sédimentaire d’âge primaire, peut-être recreusé par les glaciers.Les vases marines postglaciaires, riches en matière organique, ne se déposent qu’au-delà de 30 ou 40 m de fond, et recouvrent généralement des argiles glacio-lacustres tardiglaciaires, reposant elles-mêmes sur les argiles à blocaux des dépôts morainiques. Certains reliefs allongés semblent être des moraines frontales ou des eskers.Dans les zones peu profondes, les sédiments fins ne se sont pas maintenus, et des cailloutis résiduels pavent le fond. Devant les littoraux sableux, le fond est tapissé de sable jusqu’à une dizaine de mètres de profondeur. Enfin, çà et là, des fonds rocheux lisses sont formés de roches moutonnées façonnées par l’abrasion glaciaire.Sous les sédiments quaternaires, on trouve en Baltique du nord et du centre, jusqu’à la cuesta transversale, le socle archéen métamorphique et cristallin, généralement dépouillé de couverture sédimentaire autre que quaternaire. Au sud et au sud-ouest, jusqu’à Bornholm, c’est la couverture cambro-silurienne qui forme le fond rocheux. À l’ouest de Bornholm, il s’agit surtout de Crétacé.Hydrologie et biologieLe bilan hydrologique de la Baltique est fortement positif. Si, sur ses 400 000 km2 de superficie, elle ne reçoit en moyenne que 475 mm de précipitations par an, à peu près compensé par l’évaporation, les fleuves qui s’y jettent lui apportent chaque année environ 500 km3 d’eau, le quarantième de son volume, et elle doit donc déverser dans la mer du Nord un volume équivalent.Ces eaux douces et légères restent en surface, et se mêlent peu aux eaux salées qui franchissent les détroits en profondeur. Aussi la salinité de surface est-elle partout inférieure à 10 p. 1 000, tandis qu’en profondeur l’eau est plus salée.Dans les détroits, cette stratification, peu sensible en hiver quand les fleuves sont gelés, est très nette en été: le courant superficiel de sortie de l’eau peu salée abaisse la salinité de surface à 20 p. 1 000 jusqu’à hauteur du Danemark septentrional, alors que l’eau atlantique, qui entre en profondeur le long de la côte suédoise, garde jusqu’en baie de Kiel des salinités de l’ordre de 25 p. 1 000. En mer Baltique, les courants de surface, assez lents, circulent à l’inverse des aiguilles d’une montre, vers le nord le long de la côte est, vers le sud le long de la côte suédoise.Mer continentale, la Baltique connaît de fortes variations de température de l’eau: le maximum thermique, atteint en août (moyenne 15 0C) pour les eaux superficielles, est moins marqué et plus tardif en profondeur. C’est en mars que l’englacement atteint son maximum: les côtes au nord de 580 de latitude nord sont englacées à peu près chaque année, mais ce n’est que lors des hivers les plus froids que les trois grands golfes sont complètement bloqués par les glaces.Les marées atlantiques ne pénètrent pratiquement pas en mer Baltique. Celle-ci a ses marées propres, diurnes, dont l’amplitude ne dépasse pas 15 cm.Par contre, les variations de niveau d’origine météorologique sont importantes: l’oscillation annuelle, entre le maximum d’août et le minimum de mars, est d’une trentaine de centimètres. Au passage des perturbations, il peut se produire une variation généralisée de 70 cm en plus ou 60 cm en moins par rapport au niveau moyen. Les ondes de tempête peuvent provoquer, dans les golfes, des surélévations locales catastrophiques, telle celle de 3,50 m à Leningrad en 1924.La Baltique est la plus grande étendue d’eau saumâtre du globe. Mais les éléments nutritifs sont surtout abondants dans les eaux de fond, et ne remontent qu’à la faveur des brassages dans les détroits ou sur les seuils. Aussi le plancton, essentiellement fait de Diatomées, est-il inégalement réparti, et très peu abondant dans les golfes les plus reculés.Les conditions de vie très particulières (faible salinité, forts contrastes de température) réduisent considérablement le nombre des espèces: il n’y a que 84 espèces animales au large de la Scanie, contre 1 500 au débouché du Skagerrak. De plus, ce sont souvent des espèces peu différenciées, et de taille médiocre. Par contre, les individus sont nombreux, surtout en Baltique centrale. Les pêches portent à la fois sur des poissons de mer (hareng, sprat, morue) et sur des poissons d’eau douce (saumon, perche).2. Géostratégies et nouveaux enjeuxDurant une bonne partie de leur histoire, les pays riverains de la mer Baltique ont entretenu des relations étroites et des animosités tenaces qui n’ont toutefois pas interrompu l’essentiel des échanges. Ils viennent de connaître, au cours du dernier demi-siècle, une coupure qui a débuté avec l’agression nazie en 1939 et s’est achevée avec l’effondrement de l’empire soviétique en 1989. À présent, les responsables du devenir de l’aire baltique caressent l’espoir d’insérer celle-ci de façon efficace dans les axes et les réseaux internationaux. Ils tentent de la faire participer activement au mouvement d’échanges mondiaux qui confère des niveaux de vie moyens confortables, propres à l’ère où prédomine le secteur tertiaire, ainsi que des ouvertures culturelles qui étaient impossibles auparavant. L’époque actuelle est donc marquée par des réadaptations, des restructurations, le remodelage face à la nouvelle donne géostratégique de cette portion septentrionale et européenne du globe.Vers une nouvelle unité?L’hégémonie soviétique sur une partie du pourtour méridional et sur le littoral oriental de la Baltique a coupé cet espace en deux mondes antagonistes. À l’Ouest se développèrent des économies industrielles entraînées plus ou moins par l’élan de la république fédérale d’Allemagne, elle-même relais de la puissance américaine: à des rythmes différents, Suède, Danemark et Finlande affirmèrent ainsi leur aptitude à l’industrialisation. La Suède, qui était le premier exportateur mondial de bois en 1870, s’est transformée en un pays d’industries de transformation performantes et de machines de haute précision: un tiers de ses emplois industriels sont répartis entre les dix premiers grands groupes (Volvo, Electrolux, Saab-Scania...). La permanence de cette puissance est démontrée par le fait que les neuf principaux clients actuels de la Suède figuraient parmi ses dix premiers clients en 1870. Pour leur part, le Danemark et la Finlande sont passés en quelques décennies d’une économie agricole et de l’exportation de produits bruts à une industrie à haute technicité: le Danemark s’est spécialisé dans l’agro-alimentaire et l’équipement du froid, le matériel agricole, la mécanique et l’emballage; ses dix premiers groupes fournissent un cinquième des emplois industriels du pays; la Finlande, initialement tournée vers le bois, s’est taillé une place de choix dans la mécanique.À l’Est, politiquement parlant, dans le bloc collectiviste conduit par l’U.R.S.S., les pays Baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie), la Pologne et la République démocratique allemande étaient soumis aux impératifs stratégiques soviétiques et, en dépit de leur façade maritime, leur économie reposait principalement sur une agriculture de plus en plus sclérosée et sur des complexes portuaires fondés sur l’industrie lourde. Au début des années 1980 seulement se développa un trafic conteneurisé qui, à raison de deux fois par semaine, reliait Mukran (R.D.A.) à Klaipéda (Lituanie); des raisons géopolitiques l’emportèrent largement sur des motivations proprement économiques, puisqu’il s’agissait, aux yeux des dirigeants du Kremlin, de contourner le territoire polonais devenu peu sûr pour le transit tant terrestre que maritime.La fin de la confrontation des blocs fit naître des espérances plus ou moins réalistes. Certes, l’unité baltique en tant qu’espace de libre circulation fut retrouvée. Il conviendrait sans doute de parler plutôt de nouvelle unité, car les rapports entre les États ne sont plus du tout, en dépit de quelques constantes, ceux d’avant guerre, voire d’avant l’U.R.S.S. Outre l’indépendance recouvrée par la Finlande face à la Russie, outre l’importance prise par l’espace balte pour le Danemark depuis l’indépendance de l’Islande et l’évolution vers l’autonomie du Groenland, outre la perte de la Prusse orientale par l’Allemagne, deux phénomènes déterminants sont venus modifier l’échiquier:– Dans le cadre de l’arrimage progressif de cet espace à l’économie de marché contemporaine dominée par les États-Unis, deux États riverains de la Baltique se sont intégrés à la construction européenne, la république fédérale d’Allemagne, d’abord avec la Communauté européenne du charbon et de l’acier (1952), cette même R.F.A. et le Danemark ensuite, avec la Communauté européenne;– Pour se ressaisir un instant face à la construction européenne d’essence continentale, et après l’adhésion du Danemark et de la Norvège à l’O.T.A.N. (1949), la Finlande, contrainte à la neutralité par l’U.R.S.S., s’est associée à ces États et à la Suède, neutre comme elle, pour créer le Conseil nordique en 1952. Le Marché commun fut cependant un rival trop puissant pour permettre une quelconque percée de ce Conseil, de surcroît incapable d’exercer une action quelconque sur la partie soviétique de la Baltique. Après l’échec, en 1970, de la tentative du Nordek, qui visait à la constitution d’un véritable marché commun nordique, par suite notamment des obligations finlandaises vis-à-vis de l’U.R.S.S., il fallut attendre la fin des années 1980 pour que se manifestât un quelconque dynamisme.En 1992 fut créé à Copenhague, en présence d’un représentant de la Commission européenne de Bruxelles, le Conseil des États de la mer Baltique comprenant les dix États riverains, soit cinq de l’ancien bloc occidental (Allemagne, Danemark, Finlande, Norvège, Suède) et cinq de l’ancien bloc oriental (Estonie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Russie).Les impulsions globalesLe nouveau cadre se fonde sur un legs historique, celui de la Hanse, qui, du XIIe au XVIIe siècle, regroupa une soixantaine de villes commerçantes de la mer du Nord et de la Baltique; la Hanse constituait un lien interne dans un bassin orienté vers l’ouest pour l’essentiel de ses débouchés et dont les responsables veillaient jalousement sur le libre passage par les détroits donnant accès à l’Atlantique.Désormais, il importe de réduire les décalages entre l’Ouest et l’Est, sans pénaliser l’avance prise par les États qui ont conservé une économie de marché après la Seconde Guerre mondiale. Les niveaux de revenus contrastent fortement (tabl. 1): tandis qu’à l’Est la Lituanie n’atteint que 1 310 dollars de P.I.B. annuel par habitant, et que l’Estonie se situe «au sommet» avec à peine 3 040 dollars, à l’Ouest, la fourchette s’étend de 18 970 dollars pour la Finlande à 26 340 dollars pour la Norvège. Le tableau 2 présente les principaux indicateurs économiques des pays de l’Est qui sont comparés à ceux de l’Allemagne sur laquelle pèsent les conséquences de la réunification. Nous constatons que la croissance économique de ces États est nettement positive en dehors d’une Russie dont la situation est catastrophique, et se situe, sauf en ce qui concerne la Lituanie, nettement au-dessus de celle de l’Allemagne. Le tableau 3 montre que l’Allemagne constitue le principal partenaire des pays de l’est de la Baltique, et que les liens noués durant l’époque soviétique restent dans l’ensemble encore relativement importants, notamment avec la Russie. L’insuffisante productivité, qui a conduit à une compétitivité médiocre, de même que la forte dépendance énergétique vis-à-vis de l’U.R.S.S. ont incité ces pays à s’ouvrir vers l’Ouest dès 1991-1992. Les pays scandinaves, très orientés vers l’Union européenne, portent néanmoins un intérêt particulier et grandissant à leurs voisins baltes de l’Est.C’est dans l’optique d’une collaboration concertée, et par là même aussi efficace que possible, que le Conseil de la Baltique a eu comme but initial de susciter une structure de financement et de parrainage de la mutation de ses membres anciennement sous domination soviétique. Il s’agissait de réaliser une collaboration active entre cinq pays riches et cinq pays pauvres en situation d’économie de transition. Dès la chute du Rideau de fer, la Finlande par exemple a accordé aux pays de l’Est une aide équivalant à 2 milliards de francs français, dont 400 millions aux États Baltes. La création du Conseil de la Baltique a favorisé l’appui apporté par la Banque mondiale, l’O.N.U., l’Association européenne de libre-échange et l’Union européenne. Celle-ci y est présente avec les programmes Interreg II, P.H.A.R.E., T.A.C.I.S. et le Fonds européen de développement des économies régionales; l’article 10 récemment révisé des statuts de ce dernier trace les priorités qui pourront être bénéfiques aux cinq États de l’Est: coopération interrégionale, aménagement du territoire, actions innovatrices, développement économique en général et développement des politiques urbaines en particulier. Le rôle des villes étant déterminant dans cet espace jadis animé par la Ligue hanséatique d’essence éminemment urbaine, l’accent est mis, dès maintenant, sur la revigoration des pôles urbains et de leurs armatures, de façon à redynamiser les façades littorales et l’activité portuaire, clé de voûte du système baltique. Il est notamment indispensable d’encourager des complémentarités interrégionales dépassant le cadre étroit de l’organisation étatique fondée à l’échelle de l’État-nation, qui réduit les potentialités de déploiement et entretient des frilosités freinant l’expansion socio-économique. Dans ce cas, de nombreuses difficultés rencontrées à propos de la délimitation des frontières deviendraient mineures (tel le litige frontalier surgi entre l’Estonie et la Lettonie à propos de l’appartenance de l’île de Ruhnu).À la faveur des résultats positifs déjà enregistrés dans les pays de l’Europe centrale de l’Est, comme chez les riverains de la Baltique, et sous l’influence de la réunification allemande, l’axe allant du bassin londonien jusqu’en Lombardie en passant par les pays rhénans, appelé de façon imagée, mais restrictive, «banane bleue», se renforce plus rapidement que prévu par un élargissement vers l’est, d’abord vers la Baltique, puis vers le Danube.L’intensification de la collaboration internationale est prévue également dans d’autres domaines:– Ainsi, dans le secteur énergétique, les États de l’Est visent à devenir moins tributaires de la Russie en matière pétrolière, ce qui les incite à diversifier leurs sources d’approvisionnement et à se tourner vers l’Occident dans la perspective de l’ouverture de nouvelles raffineries. Klaipéda, le seul port non russe libre de glaces pendant tout l’hiver, est un symbole; il doit être doté d’un complexe de raffinage dont la production sera destinée à la consommation intérieure et à l’exportation.– Sur le plan environnemental, le Conseil de la Baltique bénéficie d’un crédit communautaire de 18 milliards d’écus dans le cadre d’un plan décennal.– La sécurité conduit les pays de l’Est baltique à demander l’élargissement de l’O.T.A.N. La coopération dans le secteur militaire et dans celui de la sécurité est commencée, en dépit de l’attitude réticente de la Russie.– Le 4 mai 1996, le sommet du Conseil des États de la mer Baltique, réuni à Visby (Suède), a décidé de s’attaquer au crime organisé et à ses supports (mafias, drogue, prostitution...), en vue de combattre autant que faire se peut l’un des fléaux les plus manifestes apparu en Europe de l’Est depuis la chute du collectivisme.La question des transports, fixée comme l’une des priorités majeures, mérite un développement spécial.Les grands axes de transport et les perspectives de la mobilitéNous avons déjà entrevu l’importance fondamentale des structures portuaires dans le déploiement et le fonctionnement de la Baltique, jadis et aujourd’hui. Pour reconstituer un tissu de relations cohérent, l’accent doit être mis sur la promotion des axes de transport et sur la complémentarité des modes d’acheminement. Ainsi furent élaborés de vastes projets d’aménagement d’infrastructures destinées à accompagner et à accélérer le développement, renforcées par des infrastructures de télécommunications et de télématique, supports indispensables à celles des transports.Appuyés par l’Association des chambres de commerce et d’industrie et l’Association des villes de la Baltique, mais liés à des financements extérieurs aux États de l’Est, ces projets de modernisation des transports et des communications passent par la mise en place de plusieurs axes majeurs:– En ce qui concerne le plan autoroutier, une via Baltica doit relier l’Allemagne septentrionale à Helsinki par Gda sk, Riga et Tallinn; une via Hanseatica est appelée à servir d’autoroute périphérique autour de la mer Baltique.– De nouvelles lignes aériennes permettent de délester les aéroports engorgés.– Les transports fluviaux sont programmés de façon à servir de délestage aux autres transports terrestres et de liens directs avec les transports fluvio-maritime et maritime.– Dans le domaine des transports maritimes, enfin, une via Baltica maritime est destinée à relier la Belgique, les Pays-Bas et l’Allemagne à Helsinki. Des flottes étrangères seront incitées à desservir la Baltique qui comportera de multiples zones franches. Les activités de croisière progressent à leur tour, représentant 3 p. 100 de l’offre mondiale, contre 1 p. 100 à l’époque soviétique.La Russie ne veut pas être en reste dans cette compétition. Aussi envisage-t-elle la mise en place d’un vaste complexe portuaire sur les rives du golfe de Finlande en vue de développer des liaisons cadencées avec les ports d’Europe du Nord-Ouest, de même que des lignes porte-conteneurs dites «autour du monde». Saint-Pétersbourg est de plus en plus considéré par les compagnies d’armements occidentales comme la porte d’entrée dans le système de navigation à grand gabarit qui irrigue la totalité de la Russie d’Europe sur plus de 4 000 kilomètres et qui est accessible à des bâtiments navals fluvio-maritimes de 5 000 tonnes.On voit donc que les enjeux de l’espace baltique se sont complètement modifiésau début des années 1990. Ce carrefour septentrional de l’Europe constitue un important trait d’union maritime entre l’Ouest et l’Est, qu’il importe de ne pas négliger au profit des grands réseaux de communication terrestres. L’Europe médiane, pour reprendre une expression suggérée par Fernand Braudel, n’est pas seulement un lien entre l’Ouest et l’Est, mais aussi une vieille terre de transit entre les cultures et les économies localisées les unes sur les rives gréco-latines de la mer Méditerranée, les autres sur les rives hanséatiques de la mer Baltique: réalité historique et actuelle que la géopolitique ne saurait ignorer.
Encyclopédie Universelle. 2012.